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Les Magritte du Cinéma
13e édition - 9 mars 2024

18 janvier 2022 - 10:00:12

Meilleur premier film 2022: les nominations

Ce sont quatre œuvres aux univers et aux tonalités résolument différents qui se retrouvent en lice cette année pour le Magritte du Meilleur premier film. Une comédie radicalement déjantée, une histoire d’amour queer et fantastique, un drame scolaire à hauteur d’enfant, une comédie fantaisiste et énergisante, soit autant de facettes d’un cinéma belge qui se réinvente sans cesse grâce à l’incroyable créativité de ses jeunes talents.
Avec Fils de Plouc, Lenny et Harpo Guit, nouveaux frères du cinéma belge, donnent un énergique coup de pied dans la fourmilière et dynamitent les conventions en imaginant l’odyssée urbaine foutraque et déjantée de deux frères en quête de nourriture… et de Jack-Janvier, le chien de leur mère. Ce film commando, réalisé avec des moyens restreints - il fait partie des premiers films soutenus dans le cadre de l’appel à projet pour les productions légères lancé par le Centre du Cinéma -, fait souffler un tel vent de jeunesse et de folie qu’il a séduit les sélectionneurs du prestigieux Festival de Sundance. Le film vaut également une nomination à la comédienne Claire Bodson, pour le Magritte de la Meilleure actrice dans un second rôle, catégorie où elle était déjà nominée lors des Magritte du Cinéma 2020, pour Le Jeune Ahmed, montrant là l’élasticité de sa palette de jeu! Fils de Plouc est produit par Roue Libre Production, également en lice cette année pour le Meilleur court métrage documentaire avec Juliette the Great.

Avec Jumbo, son premier long métrage, Zoé Wittock livre une histoire d’amour fantastique à bien des égards, conte de fées moderne déplaçant le curseur de la normalité, et repensant en passant l’éducation sentimentale des jeunes filles. Jeanne, une jeune femme timide, travaille comme gardienne de nuit dans un parc d'attractions. Elle vit une relation fusionnelle avec sa mère. Tandis qu'aucun homme n'arrive à trouver sa place au sein du duo que tout oppose, Jeanne développe d'étranges sentiments envers Jumbo, l'attraction phare du parc. Jumbo tient autant du conte de fées moderne que de la comédie romantique décalée, riche de cet amour hors norme, ode à la liberté d’aimer comme on veut, et qui non veut. Comme Fils de plouc, le film était sélectionné à Sundance et vaut à Sam Louwyck une nomination pour le Magritte du Meilleur acteur dans un second rôle. Jumbo est produit par Kwassa Films, société particulièrement présente cette année, puisqu’elle qu’elle compte également un film en lice pour le Meilleur documentaire (#SalePute) et un autre pour le Meilleur film étranger en coproduction (L’Homme qui a vendu sa peau), ainsi qu’une nomination en meilleur espoir pour le jeune comédien Basile Grunberger, héros d’un 4e film (SpaceBoy).

Un monde de Laura Wandel, présenté en juillet dernier à Cannes dans la section Un certain regard, est une immersion aussi puissante que bouleversante dans la vie de Nora, 6 ans, lâchée dans le grand bain de l’école primaire, et témoin, à sa hauteur, du champ de bataille que peut être une cour de récréation. Dès le premier plan, la tension est palpable, presque physiquement ressentie. On est avec Nora, derrière elle. On pleure avec elle, on redoute cette première journée à la grande école, on la craint. Les encouragements des adultes, prodigués de si haut, dans une autre stratosphère, sont comme un bruit de fond, à peine apaisant. Nora va devoir trouver sa juste place, parmi les autres, et face au harcèlement dont est victime son grand frère. Le film est en lice dans 10 catégories, dont celle du Meilleur film. Cette production 100% belge, qui représente la Belgique aux Oscars, où elle a atteint le prestigieux cap des 9 finalistes, est portée par Dragon Films.

Autre production 100% belge, elle aussi en lice pour le Meilleur film (12 nominations en tout), Une vie démente offre un regard inattendu sur la maladie, en l’occurence celle de Suzanne, atteinte d’une maladie dégénérative, une forme de « démence sémantique », ce qui chamboule les plans d’Alex, son fils, et de Noémie, sa compagne, qui voudraient bien avoir un enfant. Avec Une vie démente, Raphaël Balboni et Ann Sirot marchent avec légèreté sur un fil tendu dans le vide, trouvant un équilibre d’autant plus beau qu’il est fragile entre humour et émotion, gravité et légèreté. Ils abordent avec détermination et fantaisie la question de la maladie, la tirant du côté de la vie: que fait-on quand nos parents retombent en enfance? Doit-on mettre sa vie entre parenthèses en attendant? Une vie démente est produit par Hélicotronc, et fait partie, comme Fils de Plouc, des premiers films soutenus dans le cadre de l’appel à projet pour les productions légères. On relèvera qu’Hélicotronc s’est jusqu’ici spectaculairement distingué dans la catégorie Meilleur court métrage de fiction, remportée 5 fois d’affilée, et notamment en 2018 avec Avec Thelma, des mêmes Ann Sirot et Raphaël Balboni.