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Les Magritte du Cinéma
13e édition - 9 mars 2024

17 février 2023 - 14:13:09

Meilleur documentaire 2023: les nominations

De New York à Lima, en passant par Goma, Charleroi ou Kinshasa, les films en lice pour le Magritte du Meilleur documentaire posent plus que jamais un regard acéré sur la planète, explorant nos mythes et nos traumas collectifs.


Dreaming Walls d’Amélie Van Elmbt et Maya Duverdier convoque la mémoire collective du mythique Chelsea Hotel, faite d’icônes, de réinvention, de chansons et d’œuvres d’art, de drogue et de danse, de nuits éternelles et de journées vaporeuses, de folle liberté et parfois d’égarement. Une mémoire collective confrontée à une mémoire bien réelle, celle des corps et des âmes des habitant·es du Chelsea qui hantent encore ses couloirs alors qu’il est en plein travaux, et celle des briques et des murs, qui résistent encore un peu alors qu’est posée la dernière pierre symbolique de la spéculation immobilière qui a mis fin au rêve d’une Manhattan bohème. Le film, sélectionné à la Berlinale, est produit par Hanne Phlypo pour Clin d’oeil Films, dont c’est déjà la quatrième nomination dans cette catégorie.



Avec I Am Chance, Marc-Henri Wajnberg livre un documentaire aussi terrible que lumineux, traversé par une énergie vibrante et étonnamment pleine d’espoir. C’est une plongée au coeur de Kinshasa, aux côtés de ses explosives et émouvantes filles des rues, on les suit dans leur quotidien, fait de bagarres et de complicité, de mendicité et de créativité. Un tourbillon d’émotions et de violence, traversé de quelques rares mais touchantes accalmies. Sans cesse suspendues aux dangers de la prostitution, à la merci constante d’une agression, elles ont appris à se défendre, et à se serrer les coudes. Entre deux rixes, elles se confient, s’épanchent, s’entraident. Le film est produit par la société du réalisateur, Wajnbrosse Productions, qui était en lice en 2014 pour le Magritte du Meilleur montage avec Kinshasa Kids, qui a d’ailleurs valu le Prix du Meilleur montage à Marie-Hélène Dozo.


Dans L’Empire du Silence, Thierry Michel revient sur 25 ans de conflit en République Démocratique du Congo, 25 ans d’une guerre qui ne dit pas son nom, une guerre importée, qui laisse les populations exsangues, et profite aux criminels impunis. Un film à la première personne, qui vient conclure presque trois décennies d’exploration documentaire en RDC. Un projet cinématographique et une croisade personnelle, pour contribuer à faire cesser le règne de l’impunité. Un documentaire urgent réalisé sous l’impulsion et le parrainage du Docteur Mukwege, qui vient clore son travail consacré au Congo. C’est la sixième fois que le cinéaste et sa productrice Christine Pireaux (Les Films de la Passerelle) sont nominés dans cette catégorie du Meilleur documentaire, qu’ils ont déjà remporté en 2016 avec L’Homme qui répare les femmes: la colère d’Hippocrate.



Deuxième nomination dans la catégorie Meilleur documentaire pour Pauline Beugnies et sa productrice Laurence Buelens (Rayuela Productions), 4 ans après Rester Vivants. Avec Petites, la jeune cinéaste explore l’empreinte qu’a pu laisser le récit médiatique sur toute une génération, celle qui a grandi avec l’affaire Dutroux. Pour tous les enfants belges nés dans les années 80, il y a un avant, et un après Marc Dutroux. Une nouvelle normalité de peur, de menaces, de tabous et d’interdit s’est imposée à ce moment-là, comme une déflagration. C’est toute leur vision du monde qui en a été bouleversée. Et c’est l’histoire d’un échec collectif à accompagner cette génération désenchantée que nous conte Pauline Beugnies dans ce documentaire.



Avec Soy Libre, Laure Portier s’essaie à un classique du cinéma documentaire, le portrait familial, pour mieux le réinventer. Un portrait dont elle fait un moment de rencontre entre elle-même et son sujet, en même temps qu’avec le spectateur. Son frère Arnaud se sent prisonnier de son quartier comme de ses origines, il aspire à un ailleurs. Alors Arnaud va partir, quitter cette France où il se sent étranger. Dans le sillage de sa soeur, parfois présente, parfois à distance, on le suit d’échappées belles en retours au bercail, dans sa quête de soi, comme un nouveau territoire à découvrir. Projeté en avant-première au Festival de Cannes (ACID), Soy Libre est produit par Anne-Laure Guégan et Géraldine Sprimont pour Need Productions, également en lice dans les catégories Meilleur film flamand et Meilleur film étranger en coproduction, un beau triplé pour la société bruxelloise!