Your browser is not up to date and is not able to run this publication.

21#magritteducinema

Imaginer ses propres personnages, c est un moyen de travailler bien sûr, mais aussi d aiguiser son regard et déployer ses talents d interprétation. Profondément et viscéralement comédienne, passer par la case autrice lui permet de contour- ner un temps cet écueil du métier d actrice, être soumise au regard désirant d un cinéaste, et en- trer dans une compétition pipée par des canons

esthétiques contraignants et excluants. Au fil des scé- narios, c est en passant par la case autrice et en s offrant de vrais personnages que sa carrière d actrice trouve un nouvel envol. On la re- trouve ainsi par exemple chez Alain Corneau dans Le Cousin, chez Christophe Blanc dans Une femme d intérieur, chez François Favrat dans Le rôle de sa vie, ou dans l adaptation par Laurent Bouhnik de 24 heures de la vie d une femme de Stefan Zweig.

L an 2000 marque son passage derrière la camé-

ra pour Le Goût des Autres, et l assoit s il en était besoin comme une figure incontournable du cinéma français. Cette fable douce-amère sur le mépris de classe, l orgueil et les préjugés ren- contre un grand succès aussi bien critique que public, vaut à Agnès Jaoui quatre César dont ce- lui du Meilleur film, et l envoie à Los Angeles pour représenter la France aux Oscars.

Agnès Jaoui va réaliser quatre autres longs mé- trages (Comme une image, Parlez-moi de la pluie, Au bout du conte et Place publique), qui rencon- treront les faveurs du public. Au fil des années et des films, ses convictions s affirment et s af- fichent. Militante féministe (on se souvient de son bouleversant discours lors de la 3ème édition des

Assises pour l égalité, la parité et la diversité dans le cinéma et l audiovisuel), elle défend des person- nages de femmes complexes et souvent rares au cinéma. Dans son film Au bout du conte, elle dyna- mitait le mythe du Prince Charmant. Dans Aurore de Blandine Lenoir, elle donnait corps et vie aux questionnements d une femme de 50 ans.

Sa filmographie laisse apparaître ses colères, ses ré- voltes ou ses engagements. Et fait ressortir un goût pour les films beaux, bien sûr, mais aussi utiles et so- cialement ancrés, comme le dénotent ses derniers projets, Compagnons, qui suit le parcours d une jeune apprentie qui cherche sa voie, Les Bonnes intentions, qui se penche sur l accueil des étrangers, ou encore A l ombre des filles, qui interroge la place des femmes dans l institution carcérale. Notons également qu elle sera prochainement à l affiche, aux côtés de Jonathan Zaccaï, du nouveau film de Frédéric Sojcher, Le Cours de la vie, véritable déclaration d amour au cinéma, où elle incarne une scénariste qui revisite son passé au cours d une passionnante leçon de cinéma.

Tous ces films égrenés ne constituent qu une partie de la filmographie d Agnès Jaoui, et ne mettent en- core pas en lumière ses talents de chanteuse et sa passion pour la musique, elle qui a sorti trois albums, et écrit en 2020 pour France Musique une comédie musicale, On va se quitter pour aujourd hui. Cet amour du chant, elle le partage d ailleurs dans le premier long métrage d animation des cinéastes belges Arnaud Demuynck et Remi Durin, Yuku et la Fleur de l Himalaya, prêtant sa voix et son swing à l inspirante renarde.

C est un honneur, une joie et une fierté pour l Académie André Delvaux de remettre le 4 mars prochain un Magritte d Honneur à Agnès Jaoui. Elle succède ainsi à Marion Hänsel, Monica Bellucci, Raoul Servais, Sandrine Bonnaire, André Dussollier, Vincent Lindon, Pierre Richard, Emir Kusturica, Costa-Gavras, Nathalie Baye et André Delvaux.

FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023FluidBook MDC2023
Powered by Fluidbook