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Philippines pour jouer dans
Apocalypse Now
. Sui-
vra ensuite une autre aventure,
Paris, Texas
, avec
Wim Wenders, qu’elle af fectionne particulièrement.
C’est en 1978 qu’elle entame avec Chantal Akerman
une relation cinématographique comme on dé-
ploie une relation épistolaire. Dans
Les Rendez-vous
d’Anna
, elle incarne le rôle-titre, une cinéaste qui
parcourt l’Europe pour présenter son f ilm. Au coeur
de son errance, comme Au-
rore elle-même, Anna, blottie
dans les alcôves improvisées
de chambres d’hôtels imper-
sonnelles, pendue au bout
du f il pour tenter désespéré-
ment de garder le contact, on
s’interroge : que recherche-t-
elle? Que fuit-elle? D’où vient
cette ultra-moderne solitude
? Elle devient alors une sorte
d’alter égo de pellicule pour
la cinéaste belge, qu’elle re-
trouvera six reprises sur grand
écran. Aurore Clément dira
d’ailleurs : « Anna c’est moi,
c’est nous tous, c’est nous
toutes. »
Dans
Toute une nuit
elle est l’une des âmes qui
hantent cette chaude nuit d’été bruxelloise, l’un
de ces des corps qui se frôlent, s’embrassent ou
s’évitent, héroïne de ce ballet nocturne.
Aurore Clément n’est pas que des f ictions de la
réalisatrice, elle est aussi de ses expérimentations.
Ainsi participe-t-elle à
Lettre d’une cinéaste
, au-
toportrait ludique sous forme de missive f ilmée
qui raconte la journée dune réalisatrice avec le
renfort de son actrice Les Années 80 of frent une
sorte de carnet préparatoire à
Golden Eighties
la
comédie musicale que Chantal Akerman tour-
nera quelques mois plus tard. Cette amitié de
pellicule hors norme trouve un prolongement
sur scène, quand la comédienne lit à Bruxelles et
partout en France, plus récemment au Mémorial
de la Shoah, le puissant récit autobiographique
de Chantal Akerman,
Une famille à Bruxelles
.
La liste des nombreux cinéastes qui l’ont invitée
à faire partie de leurs f ilms est longue, Bertrand
Bonello, François Ozon, Mathieu Amalric, Serge
Gainsbourg, Laetitia Masson, Sof ia Coppola,
Anne-Marie Miéville. Au théâtre, elle joue sous la
direction de Simone Benmussa, Isabelle Nanty.
Robert Kuperberg. Autant de noms qui la font
rêver, encore et toujours, comme
Une femme
sans f in s’enfuit
, éternellement.
Pour Aurore Clément, TOUT est travail.
« C’est l’amour, l’amour du théâtre qui nous fait
vivre, nous les petits enfants comédiens, il faut
recommencer sans cesse, jouer, jouer, ça prend
toute la vie pour apprendre, regarder, écou-
ter. On n’en f init pas d’y revenir, c’est privé, c’est
quelque chose de mystérieux, on ne peut pas
faire autrement. Il ne faut pas penser à sa carrière,
il faut jouer, on tomber, et on se relève, on y va! »
Comme le disait Chantal Akerman, son amie
pour l’éternité: « Quand on veut faire du cinéma,
il faut se lever, alors levons-nous. »
C’est un honneur, une joie et une f ierté pour
l’Académie André Delvaux de remettre le 9
mars prochain un Magritte d’honneur à Aurore
Clément. Elle succède ainsi à Agnès Jaoui, Marion
Hänsel Monica Belluci Raoul Servais Sandrine
Bonnaire André Dussollier Vincent Lindon Pierre
Richard Emir Kusturica CostaGavras Nathalie
Baye et André Delvaux