Le premier film en lice est Dealer, premier long métrage du comédien Jeroen Perceval, découvert par beaucoup dans D’Ardennen de Robin Pront, lauréat du Magritte du Meilleur film flamand, qu’il avait d’ailleurs co-écrit. Dealer est un un film âpre et visuellement impressionnant, qui scrute l’amitié improbable qui se noue entre deux solitudes, celles d’un jeune dealer qui tente de se construire sur les ruines d’une forme de masculinité « toxique » et d’un vieux comédien qui court après sa jeunesse disparue et ses rêves de gloire. Le film est coproduit, du côté francophone, par Tarantula, qui connaît là sa première nomination dans cette catégorie, et produit par Savage Film, déjà lauréat trois fois dans cette catégorie avec De Patrick lors de la dernière édition, Rundskop en 2012, et D’Ardennen justement en 2016.
Un certain regard, prestigieuse section cannoise, accueillait cette année le premier long métrage de fiction de la réalisatrice belge-roumaine Teodora Ana Mihai, La Civil. Le film raconte l'histoire de Cielo, une mère à la recherche de sa fille enlevée par un cartel dans le nord du Mexique. Les autorités refusant de lui venir en aide, Cielo décide de prendre elle-même les choses en main. Elle débute son enquête et gagne la confiance de Lamarque, un militaire peu conventionnel déployé dans la région. Leur collaboration va entraîner Cielo dans une terrible spirale de violence. La réalisatrice a reçu le Prix de l’Audace pour ce film coup de poing qui ouvre une fenêtre sur le quotidien stupéfiant de nombreuses familles mexicaines, dans un style proche du documentaire. Teodora Ana Mihai était d’ailleurs en lice dans la catégorie Meilleur documentaire il y a quelques année pour son film précédent, Waiting for August. Elle est coproduite par Les Films du Fleuve et les frères Dardenne, qui ont déjà remporté cette catégorie en 2015 pour Marina.
Premier long métrage encore avec Rookie de Lieven Van Baelen, plongée étourdissante dans le monde du road racing, concentré d’adrénaline, d’audace, mais aussi de masculinité souvent assez toxique (ici aussi!), et de rêves brisés. On y suit la folle course de Nicky, excellent Matteo Simoni, véritable motor head. La moto, il l’a dans le sang. Il vit sa vie plein gaz, sur la piste comme en dehors, jusqu’à l’accident. Il va alors investir tous ses rêves de victoire dans son neveu, Charlie, fils de son frère lui-même champion de moto, et mort sur la piste. Il tient là sa seconde chance, peut-être. Sauf que les rêves ne s’imposent pas aux autres, et que l’art de la conduite n’est pas forcément transmissible par le sang. Rookie est coproduit, du côté francophone, par Versus Production, qui était déjà associé à trois Magritte remis dans cette catégorie, deux fois avec la cinéaste Fien Troch (Home et Kid), et, plus récemment, en 2020, avec De Patrick.
Les derniers candidats, enfin, ont l’habitude de cette catégorie, puisqu’il s’agit de leur troisième nomination déjà. Peter Brosens et Jessica Woodworth sont donc en lice, cette année, avec The Barefoot Emperor, après leurs deux premières participations pour La Cinquième Saison en 2014 etKing of the Belgians en 2018 (qui avait d’ailleurs cette année-là valu le Magritte du Meilleur acteur à l’élégant Peter Van Den Begin). Avec The Barefoot Emperor, Peter Brosens et Jessica Woodworth livrent une suite délicieusement burlesque, radicalement politique, et dramatiquement visionnaire à King of the Belgians, imaginant comment la chute d’un minuscule royaume sème le désordre dans une Europe hantée par ses délires nationalistes et populistes. Le film est produit par Bo Films, la société des cinéastes, et coproduit par Wajnbrosse Productions.