ACTUALITÉS

Les Magritte du Cinéma
14e édition - 22 février 2025

21 janvier 2022 - 12:23:23

Meilleur scénario 2022: les nominations

La catégorie Meilleur scénario met cette année face-à-face deux films qui s’inscrivent dans des univers très forts, des sortes de huis clos: Un monde se passe entièrement dans une école primaire, tandis que Filles de joie pose son regard dans une maison close, à la frontière franco-belge. Les deux autres films abordent chacun la question de la maladie mentale, Les Intranquilles traite de la bipolarité sous le prisme du couple, tandis qu’Une vie démente observe le poids de la maladie neuro-dégénérative d’une mère pour ses enfants.
Axelle, Dominique et Conso partagent un secret. Elles mènent une double vie. Elles se retrouvent tous les matins sur le parking de la cité pour prendre la route et aller travailler de l’autre côté de la frontière. Là, elles deviennent Athéna, Circé et Héra dans une maison close. Filles de joie, héroïnes du quotidien, chacune se bat pour sa famille, pour garder sa dignité. Mais quand la vie de l’une est en danger, elles s’unissent pour faire face à l’adversité. Anne Paulicevich, autrice du scénario de Filles de joie, a vécu une véritable immersion au coeur d’une maison close pour imaginer le destin de ses filles de joie, et leur offrir les accents de vérité portés par son trio d’actrices. Il s’agit de sa deuxième nomination pour le Magritte du Meilleur scénario, qu’elle a déjà remporté en 2014 pour Tango Libre, co-écrit avec Philippe Blasband.

Dans Les Intranquilles, Leila et Damien s’aiment profondément. Malgré sa fragilité, il tente de poursuivre sa vie avec elle sachant qu’il ne pourra peut-être jamais lui offrir ce qu’elle désire. Damien souffre de bipolarité, et alors que le film débute, Leïla voit la crise maniaque qui s’installe peu à peu chez son compagnon, les sautes d’humeur, les excès, le fol enthousiasme, le débordement. Damien lui fuit chaque jour un peu plus, jusqu’à s’absenter du couple. Les limites n’ont plus de sens, la vie lui semble trop étroite. Il implose tandis que leur couple explose, sous le regard impuissant de leur fils, de leurs amis, de leur famille. Pour raconter cette histoire remontant à des souvenirs et des sensations extrêmement personnels, Joachim Lafosse s’est entouré de multiples co-scénaristes, qui sont venus tour à tour enrichir le projet: Juliette Goudot, Anne-Lise Morin, François Pirot, Lou du Pontavice, Chloé Léonil, et Pablo Guarise. C’est la quatrième fois que Joachim Lafosse est nominé dans cette catégorie, après Elève Libre en 2011, A perdre la raison en 2013, et L’Economie du Couple en 2017.

Nora entre en primaire lorsqu’elle est confrontée au harcèlement dont son grand frère, Abel, est victime. Tiraillée entre son père qui l’incite à réagir, son besoin de s’intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Fruit d’une longue gestation, le scénario d’Un monde de Laura Wandel porte dès les prémices l’empreinte d’une arène très forte, le huis clos de l’école primaire, et d’un point de vue radicalement situé, celui de Nora, dont le seul regard nous guide dans la jungle de la cour de récréation. Un monde dresse aussi le portrait déchirant d’une fratrie, nouant et dénouant le lien qui unit Maya à son frère Abel, un lien viscéral mis à mal par l’écosystème scolaire, où les loyautés sont sans cesse remises en question par le désir brûlant qu’a chacun de s’intégrer, coûte que coûte.

Alex et Noémie voudraient avoir un enfant. Leurs plans sont chamboulés quand la mère d’Alex, Suzanne, adopte un comportement de plus en plus farfelu. Entre l’enfant désiré et l’enfant que Suzanne redevient, tout s’emmêle. C’est l’histoire d’un rodéo, la traversée agitée d’un couple qui découvre la parentalité à l’envers ! Avec Une vie démente, Ann Sirot et Raphaël Balboni relèvent avec habileté un défi inattendu: faire sourire de la maladie, y insuffler la vie. Ils éclairent les paradoxes de la situation. Alors que l’aliénation mentale de Suzanne la libère, qu’elle est comme délestée de toute inhibition, c’est son fils qui va devoir à son tour s’affranchir. Cette folie, que dit-elle en fin de compte de nos vies bien rangées, où tout est si cadré? Le scénario est aussi le fruit de la méthode de travail bien particulière des deux cinéastes, dont l’écriture évolue au fil des répétitions et mises en situation avec les comédien·nes.