Bruxelles attendait sa comédie musicale, c’est désormais chose faite avec Drame 71 de Guillaume Lion, ode au tram mort-né du même nom, ligne directe vers le coeur d’un jeune auteur-compositeur de profession et d’une vendeuse de glaces pleine d’ambition. Alors que l’on enterre un tram avant même qu’il n’ait vu le jour, il en va de même de leur amour. « Depuis que t'es partie, Je n'arrête pas de rebondir, Quelle idée de génie, Tu as eue de vouloir t’enfuir » . Musicalement, on n’est pas loin du Philippe Katerine de L’Education anglaise, cinématographiquement, ça grouille de jeunes talents bruxellois s’épanouissant dans la création en collectif. Drame 71 est produit par David Borgeaud pour Roue Libre Production, déjà deux fois en lice l’année dernière dans la catégorie Meilleur court métrage documentaire pour Juliette the Great d’Alice Kohl, et Meilleur premier film pour Fils de Plouc de Harpo et Lenny Guit - ce dernier étant justement le héros de Drame 71.



Les Huitres, c’est une autre histoire de collectif, celle de la rencontre avec la réalisatrice Mara Descamps et les 7 comédiennes du Canine Collectif. Ensemble, elles imaginent ce récit sororal fort et engagé. A l’occasion d’un enterrement de vie de jeune fille, Charlotte retrouve des amies de longue date qu’elle n’a pas revues depuis longtemps. A l’euphorie des retrouvailles se mêlent appréhensions et non-dits. Charlotte a un secret qu’elle garde douloureusement pour elle. Tout comme les huitres que ces femmes sont occupées à ouvrir, les langues résistent. Mais alors que les coquilles se brisent et que les mains s’écorchent, la vérité remonte à la surface. Les Huîtres est produit par un autre collectif, Fox the Fox, qui réunit Gladys Brookfield-Hampson, Micha Wald et Alexandre Weiss.



Stéphane Terrazzi vit à Bruxelles depuis peu. Il revient dans sa ville natale de La Louvière pour voir un match de foot avec ses amis d’enfance, Luca et Tony. A la fin du match, ceux-ci parviennent à persuader Stéphane de les suivre pour une virée dans une boîte de nuit flamande, “comme au bon vieux temps”. Mais la sortie ne se passe pas comme prévu. Quand Stéphane se voit refuser l’entrée pour délit de faciès, la nuit prendre une drôle de tournure. Avec Ma Gueule, Grégory Carnoli et Thibaut Wohlfhart mettent en fiction le concept du privilège blanc, à travers l’histoire d’un jeune Italien qui se retrouve victime de discrimination quand il est pris pour un homme d’origine maghrébine. Le temps d’une nuit, il prend violemment conscience de la pression qui pèse sur les épaules des hommes racisés. Le film est produit par Laurence Denhaerinck et Benjamin Viré pour Big Trouble in Little Belgium.



Le dernier cinéaste nominé dans cette catégorie est un habitué, puisqu’il l’a déjà remportée à deux reprises avec son acolyte Xavier Seron en 2016 pour L’Ours Noir et en 2017 pour Le Plombier. Dans Patanegra, Meryl Fortunat-Rossi fait un saut dans le temps, et nous ramène en 1938. Un an avant le début de la Seconde Guerre mondiale, la guerre d’Espagne touche à sa fin. Si la victoire des fascistes est inéluctable, rien ne saurait faire oublier l’héroïsme républicain de Tom, Paco et de Patanegra, un cochon démineur de trois-cent-vingt kilos. Ce huis clos dans une tranchée légèrement surréaliste est servi par le duo inattendu formé par Sergi Lopez et Tom Audenaert. Le film est produit par Benoît Roland pour Wrong Men, également en lice pour le Magritte du Meilleur film avec Rien à Foutre, et Animals, qu’il produit pour son autre structure 10.80 Films.